En quoi consistent les soins dentaires ?

La consultation type en dentisterie, à l’instar de ce qui est pratiqué dans d’autres spécialités, comprend plusieurs étapes :

  • La prise de contact avec le propriétaire du cheval ou son représentant : Ce dialogue permet de recueillir un certain nombre d’informations générales utiles pour la suite de l’examen et pour se faire une 1e idée sur les pathologies susceptibles d’être présentes :

Prophylaxie (vaccins, vermifuges, …) : ces informations donnent des indications sur d’éventuels risques à réaliser le soin (transmission de germes d’un cheval à l’autre par exemple) ;

Traitements en cours et éventuels antécédents : certaines pathologies (cushing, SME, …) sont susceptibles d’avoir des impacts sur les dents. L’état du cheval peut aussi conduire à reporter l’intervention ;

Environnement du cheval : type d’hébergement, régime alimentaire, … sont autant d’informations sur le budget temps consacré à l’alimentation, la présence de fourrage, …

Comportement alimentaire : un cheval long à finir sa ration, qui recrache sous forme de boulettes une partie de son alimentation, qui a des mouvements inhabituels de la tête lors de ses prises de repas… sont autant de comportements très souvent consécutifs à des problèmes dentaires ;

L’âge donne des indications sur la nature des soins à prodiguer ;

Usage : sport, loisir, travail, élevage, … sont autant de paramètres à prendre en compte pour la nature des soins. Par exemple, l’avulsion des dents de loup sur un cheval sans mors (élevage, retraité, monté en hakamore, …) est inutile car ces dents ne posent aucune difficulté dans la vie quotidienne du cheval ;

Comportement au travail : refus du mors, problèmes d’incurvation, port de tête asymétrique, diminution des performances, signes de douleurs dorsales, cheval qui encense, qui tracte, qui refuse le contact avec le mors… sont des signes souvent liés à des problèmes dentaires ;

  • L’examen visuel du cheval dans son ensemble et de la tête en particulier :

Environnement direct du cheval si le soin est réalisé sur son lieu de vie : état des crottins, présence de boulettes alimentaires, traces de tic à l’appui, …

Etat général du cheval : Le niveau d’embonpoint traduit le degré d’assimilation des aliments, une éventuelle faiblesse immunitaire, … La qualité du poil (terne, piqué), la posture, le comportement (stress, apathie, …) ou d’autres signes particuliers (hyper salivation, jetage nasal, …) sont autant d’indicateurs à prendre en compte.

L’examen de la tête (en réalité l’extérieur de la bouche) permet de vérifier d’éventuelles sensibilités au niveau des articulations de la mâchoire, des dissymétries des muscles masticateurs et de réaliser des tests de mobilité de la mandibule.

Cet examen permet également de contrôler l’état et la bonne coaptation des incisives, de détecter d’éventuels problème d’haleine, …

  • L’examen endo buccal :

L’examen endo buccal, réalisé à l’aide du speculum (« pas d’âne »), permet d’apprécier l’état de la sphère buccale, de constater d’éventuelles pathologies (surdents, caries, fractures, parodontopathies, …) afin de d’établir les soins à réaliser, et le cas échéant recommander au propriétaire de se rapprocher de son vétérinaire traitant en cas de pathologies nécessitant des traitements curatifs.

A l’issue de ces examens, un protocole de soins adapté aux besoins du cheval est réalisé. La consultation « standard » comprend les prestations d’odontologie d’entretien et d’odontologie sportive. Les corrections spécifiques, lorsqu’elles sont nécessaires, sont réalisées en complément le jour même de la consultation.

L’avulsion des dents de loup requiert l’intervention d’un vétérinaire pour la sédation et nécessite donc un peu d’anticipation.

Le diagnostic et la nature des interventions sont expliqués en détail au propriétaire qui est par ailleurs systématiquement invité à examiner la bouche du cheval. Je dispose également de supports pédagogiques (crâne, guide illustré des principales pathologies) destinés à faciliter la bonne compréhension.

Les interventions sont complètement indolores. Tous les soins sont réalisés dans le calme, la bienveillance et avec le temps nécessaire à la mise en confiance du cheval.

Odontologie d’entretien

Elle comprend :

  • Le contrôle général de la bouche avec diagnostic des pathologies mécaniques (gênes à la mastication) et/ou dolosives (atteinte des muqueuses, caries, …) ;
  • Le nivellement dentaire d’entretien (suppression des surdents et rétablissement de l’équilibre général des tables dentaires) ;
  • Le retrait des dents lactéales lorsqu’elles sont persistantes et de nature à perturber la croissance des dents définitives ;

Odontologie corrective

L’odontologie corrective s’adresse aux chevaux dont les pathologies nécessitent des corrections spécifiques qui viennent en complément des interventions d’entretien (dominances, diastèmes, …)

Odontologie sportive

L’odontologie sportive s’adresse aux chevaux montés en mors. L’intervention consiste à travailler sur les 4 prémolaires situées à l’arrière des barres (zones dépourvues de dents où se place le mors) afin de leur donner une forme destinée à améliorer le confort et la précision des actions de main.

Contrairement à l’odontologie d’entretien, cette intervention n’est pas destinée à restituer de bons mouvements masticatoires ni à corriger des défauts d’occlusion mais uniquement à traiter les interactions avec le mors. Elle est donc inutile pour les retraités, les poulinières, les chevaux montés en hakamore, en licol éthologique, etc…

L’odontologie sportive, lorsqu’elle doit être faite, est incluse dans la consultation d’entretien

Stomatologie 

Les interventions de stomatologie nécessitent la présence d’un vétérinaire pour les actes de sédation et d’analgésie locale.

Il s’agit de l’avulsion de petites dents qui poussent chez certains chevaux à l’avant des 1e prémolaires, c’est-à-dire au niveau de la zone d’action du mors . L’éruption de ces petites dents, appelées dents de loup (sur mâchoire maxillaire) ou dents de cochon (sur mâchoire mandibulaire) est aléatoire.

Lorsqu’elles sont présentes, leur taille, leur forme et leur positionnement rendent l’action du mors douloureuse, ce qui va provoquer des comportements de défense à la main et des réflexes posturaux d’évitement de nature à se traduire à terme par des lésions ostéopathiques secondaires.

Si elles doivent être retirées chez le cheval monté en mors, leur avulsion est par contre inutile dans tous les autres cas de figure ; ces dents lorsqu’elles sont présentes, ne posent aucun problème dans la vie quotidienne de l’équidé.